Comment vous est venue l’idée de produire un pull en pure laine mérinos ?
Nous voulions fabriquer des produits qui durent. Le PDG d’Asphalte venant de l’univers de la maille, il détenait une expertise dans ce domaine et les usines avec qui nous pouvions travailler. Le plus simple a été de commencer avec un pull. Nous avons sélectionné le fil de chez Tollegno, notre filateur italien, pour sa grande qualité et car il passe en machine à laver. Cette propriété était l’un des critères importants pour nos clients.
En quoi la laine mérinos est-elle intéressante ?
La laine est une matière naturelle, aux qualités thermorégulatrice et antibactérienne (qui en théorie peuvent l’exempter de passage en machine). Le type de laine mérinos que nous utilisons est une laine extra fine, avec des fibres particulièrement longues. Elle offre donc une meilleure durabilité, une meilleure résistance au boulochage, aux trous, etc.
Pouvez-vous nous expliquer la chaine de valeur de votre pull parfait ?
Deux fois par semaine, nous proposons un nouveau produit en précommande sur notre site. Le pull parfait revient deux fois par an. Nous gérons nos approvisionnements et nos réassorts de façon à produire uniquement ce que nous vendons, cela nous permet de produire au plus proche du besoin et pour nous c’est essentiel. Nous prévoyons en moyenne 5% de plus de façon à assurer les échanges et remboursements, que nous remettons en vente environ un mois après que tous les clients aient été livrés.
Nous avons choisi le filateur Tollegno pour son expertise et parce qu’il avait des filatures en Europe. Nous savions que la laine provenait d’Australie mais avec une traçabilité jusqu’au champ qui était difficile. Puis nous avons découvert que les étapes de lavage et peignage s’effectuaient en Chine, nous avons eu un déclic. Nous avons alors commencé à travailler avec notre filateur sur une nouvelle chaine d’approvisionnement. Avec nos connaissances et nos recherches, nous lui avons proposé un nouveau fournisseur de laine, Segard Masurel, labélisé Abelusi et installé en Afrique du Sud. Cela nous permet aujourd’hui d’avoir la liste des éleveurs qui produisent nos lots de laine. Nous l’avons aussi orienté vers une entreprise de lavage et peignage dont les usines sont en Italie et en Égypte. La filature se fait toujours en Pologne et la teinture en Italie. Nous avons ainsi plus de garanties.
En effet, la laine labellisée Abelusi répond à des critères de bien-être animal et des critères sociaux spécifiques. Les usines de lavage et de peignage sont certifiées GOTS, la teinture et la filature sont certifiées Oekotex. Le tricotage et l’assemblage sont réalisés au Portugal avec une technique de fully-fashion, qui évite des pertes de matière. Pour l’instant nous n’avons pas fait le choix des teintures naturelles car elles tiennent moins longtemps que les autres. Or nous préférons concentrer nos efforts sur la durabilité des produits. Enfin, nous n’avons recours à aucun transport aérien.
Quel est l’impact environnemental du pull parfait ?
Depuis janvier 2021 nous publions l’impact de 100% de nos produits sur le site. Nous l’avons calculé avec Fairly made, en faisant une analyse de cycle de vie complète sur le produit. Nous avons traduit cet impact en équivalent kilomètres en voiture, kilogrammes de pommes cultivées ou chauffage en appartement, pour la rendre un peu plus intelligible pour les clients. Sur la laine il est difficile d’être plus performant sur les aspects environnementaux car l’élevage des moutons a un impact significatif. Pour réduire cela il faudrait avoir recours à de la laine recyclée mais ses fibres sont plus courtes, sa durabilité est donc beaucoup moins bonne.
Le pull parfait est-il conçu différemment pour durer ?
Oui et c’est le résultat d’un travail de 5 ans. Il a commencé dès le choix de la matière première. Nous avons opté pour un fil durable et solide. Ensuite, la technique. Le high twist, qui consiste à vriller le fil par paire, lui donne une meilleure solidité. Enfin, depuis la version 3 du pull (nous avons lancé la version 7 en septembre 2021), nous avons sélectionné le point de maille Milano. Un point très serré qui donne une maille robuste aux endroits particulièrement sollicités, comme les coudes.
Nous réalisons beaucoup de tests en laboratoire : boulochage, résistance à l’abrasion et la déchirure… Nous améliorons aussi la coupe en fonction des retours des clients. L’idée n’est pas de continuer à développer des pièces pour faire de la mode, mais d’avoir un modèle simple, col rond, des couleurs basiques, qui fera partie des essentiels d’une garde-robe.
Quelles sont les limites techniques ?
Nous avons choisi le point Milano, un point très long à tricoter et très serré. Peu de machines sont capables de le faire au Portugal. Cela prend donc beaucoup de temps et nécessite une grande quantité de laine.
Comment aidez-vous les consommateurs à prolonger la durée de vie de leur pull ?
Au moment de la commande nous mettons dans le colis un guide d’entretien du pull, de façon à ce que le client lui assure une vie la plus longue possible. Notre service client est aussi très disponible, il donne des conseils de réparation ou propose que notre fournisseur s’en charge gratuitement. Et comme le tricot est mono matière, nous garantissons sa recyclabilité. La liste des points de collecte est sur notre site.
Comment est accueilli le produit par les consommateurs ?
Nous les sollicitons beaucoup via des questionnaires. Sur les coupes qu’ils aimeraient, les couleurs, les tailles… Puis les acheteurs reçoivent un questionnaire de satisfaction : un mois, six mois et deux ans après leur commande. Il y a cinq ans, nous avons vendu la première version du pull parfait en 2500 exemplaires. En 2020 nous en avons vendu 15000. Même plusieurs années après l’achat, les retours sont excellents. Ils continuent de le porter. Nous avons trouvé comment faire le pull qui plait à un maximum de monde et qui garantit une réelle durée dans le temps.
Quelle est votre prochaine étape ?
Nous sommes très satisfaits de ce produit, surtout depuis que nous avons mis en place cette nouvelle chaine d’approvisionnement. Nous aimerions maintenant travailler avec l’usine en Pologne pour qu’elle ait recours à une énergie moins impactante, actuellement, elle est trop carbonée.
Merci à Constance CHASSANY, Responsable Achats, Production, et Impact chez Asphalte.