Pouvez-vous nous résumer votre démarche ?
Notre premier défi était de fabriquer des sous-vêtements entièrement en France, du fil au produit fini. Nous nous sommes donc concentrés dans un premier temps sur la matière, sur les quatre axes suivants : qualité ; proximité ;
recyclé et recyclable ; allongement de la durée de vie du produit.
Si notre priorité est la fabrication en France, nous avons cependant conscience que l’éco-conception n’est pas seulement la matière biosourcée et traçable mais bien l’appréhension du produit dans sa globalité.
Quelle a été votre méthode de travail ? Ses différentes étapes ?
Nous souhaitons aller plus loin dans la démarche, en trouvant une alternative locale à chaque fois que cela est possible. Par exemple, aujourd’hui, la majeure partie de la laine utilisée en France est importée d’Australie. Or, il existe une filière en France, mais elle est trop peu valorisée. Fin 2019, nous avons lancé notre premier pull, le Ludo, composé à 100% de laine française et éco-conçu (mono-matière, sans teinture et recyclable).
Autre projet, l’initiative Moncoton, initiée par l’équipe 1083 en 2018. L’objectif est de créer, en France, un nouveau fil en coton à destination des produits d’habillement à partir d’anciens vêtements, notamment des jeans et des sous-vêtements.
Sous-projet de Moncoton, le projet Le Slip Circulaire, financé en partie par Refashion dans le cadre du Challenge Innovation 2019, est plus spécifique aux sous-vêtements. L’objectif est de réussir à fabriquer un fil de coton recyclé à partir de vieux sous-vêtements.
Avez-vous rencontré des freins ? Lesquels ?
Le premier frein est d’abord financier car les marques textiles aujourd’hui ont des objectifs de marges conséquentes, impossibles à atteindre pour une PME ayant fait le choix du Made In France. Il faut accepter de réaliser des marges plus petites (notre coefficient de marge se situe entre 2 et 3%). Cependant, notre système de distribution via notre site internet nous permet d’améliorer cette marge.
Ensuite, il nous a fallu accepter de faire des compromis : certaines de nos matières ou fournitures ne sont pas encore fabriquées en France. Ainsi, l’élastique de notre soutien-gorge La Augustine, couleur bordeaux, vient d’Italie.
Nous sommes également confrontés à un dilemme : il existe des matières écologiques (biologiques, recyclées, dont le processus de fabrication est plus respectueux de l’environnement, etc.) mais qui ne sont pas produites en France. De même, le polyester recyclé vient d’Italie ou d’Espagne et il n’y a pas encore d’alternative française. Il faut choisir où l’on positionne notre priorité : le made in France ou des matières écologiques ?
Quels ont été les leviers de réussite ?
La main d’œuvre expérimentée sur toute la chaine de production textile existe en France et c’est une opportunité de pouvoir bénéficier de ce savoir-faire. Nous entretenons une relation privilégiée avec nos fournisseurs : nous travaillons avec les Filatures du Parc pour notre pull Le Ludo, avec Neyret pour notre cocarde, Sophie Hallette pour nos maillots de bains, ainsi que de nombreux autres fournisseurs répartis sur le territoire français. Lemahieu est notre fournisseur façonnier historique.
Nous nous déplaçons souvent à leur rencontre, ce qui facilite grandement les échanges. Cette proximité est un véritable levier de réussite car elle permet également d’avancer beaucoup plus vite sur les projets.
Nous constatons, depuis 2011, que les ateliers ont repris confiance et ont envie d’aller de l’avant.
Réfléchissez-vous à des pistes d'amélioration ?
Nous faisons le pari de l’innovation avant tout, notamment avec le projet du Slip Circulaire. Nous voulons aussi continuer à redynamiser les savoir-faire artisanaux en France, notamment à travers des produits comme notre pull le Ludo. D’ici 2024, nous voulons que 24% de la laine utilisée dans nos produits soit française, via notre partenariat avec l’agence Made in Town, qui s’est spécialisée dans la valorisation des territoires et des savoirs-faires locaux.
D’une manière plus générale, la réflexion sur la matière et l’éco-conception des produits sont l’avenir de la mode et Le Slip Français tente au maximum d’intégrer ces sujets au quotidien.
Merci à Antoine MOREL, anciennement responsable du bon sens du Slip Français (aussi appelé RSE).
Contact : bonjour@leslipfrançais.fr