Pouvez-vous nous résumer votre démarche ?
Après avoir vu l'image d'un enfant africain en train de se fabriquer des sandales avec un rectangle de pneu et un bout de ficelle, j'ai eu envie de proposer une basket faite sur ce principe. D'une part cela permettrait de recycler de vieux pneus, d'autre part la semelle serait sans doute inusable, vu la robustesse d'un pneu.
Quelle a été votre méthode de travail ? Ses différentes étapes ?
Cela a été très long car j'ai mis près de deux ans et demi pour développer la semelle. Il a d'abord fallu trouver une usine de recyclage de pneus capable de travailler le matériau pour qu'il s'intègre dans une semelle.
Puis, j'ai dû chercher une usine de semelles prête à passer du temps à faire des tests avec ce nouveau matériau.
En parallèle, j'ai travaillé avec une agence de communication pour commencer le storytelling, fait appel à des photographes, des vidéastes pour développer le site web et pris contact avec des journalistes.
Avez-vous rencontré des freins ? Lesquels ?
Il y a d'abord un frein technique puisque le pneu est une matière inédite dans la fabrication de semelles. Cela nécessite beaucoup de tests et d'essais. Par exemple, le pneu doit être avant tout débarrassé de ses trames textiles et du fer qu’il contient pour que la matière devienne suffisamment souple et malléable.
Toutes les usines de recyclage ne font pas cela. Six mois après le lancement, je me suis aperçu que j'avais 2 à 3% de retours. J'ai préféré tout arrêter pendant six mois, y compris la commercialisation, pour améliorer le processus.
J'ai ainsi retravaillé toute la semelle. J'ai également lancé une édition limitée en cuir recyclé. Cela m'a pris dix mois pour la développer et améliorer la matière.
En effet, dès que l'on utilise un matériau dans une autre application que celle qu'on lui connait habituellement, on fait face à de nouvelles contraintes. Cela demande du temps, et de l'argent.
Je me bats pour obtenir des financements. J'ai interpellé de nombreux organismes publics et rempli des quantités de dossiers et de tableaux Excel pour obtenir de l'aide. Sans succès. Leur réactivité n'est pas adaptée au monde de la start-up.
Quels ont été les leviers de réussite ?
Le soutien familial et amical a été essentiel. A la fois psychologiquement et financièrement.
L'association Au-delà du cuir, fondée par le Conseil National du Cuir et la Fédération Française de la Chaussure m'a aussi accompagné. Elle m'a apporté un support juridique, presse et un showroom.
Et puis, j'ai rejoint Noyoco Lab, un espace de coworking pour les marques éco-responsables. Un lieu où l'on peut échanger, se serrer les coudes...
Réfléchissez-vous à des pistes d'amélioration ?
J'aimerais proposer maintenant un produit à la fois « vegan » et éco-responsable. Les deux ne vont pas forcément de pair.
En effet, certains produits « vegan » contiennent un large pourcentage de polyuréthane. Je travaille sur des chaussures à base de caoutchouc et de fil de couture 100% recyclés et qui soient 100% recyclables. Je veux transformer les déchets en produits désirables.
Pour gérer la croissance, j'ai maintenant besoin d'une équipe autour de moi et de financements.
Merci à Arnaud Barboteau, Fondateur de Oth-Paris.
Contact : contact@oth-paris.com